A l'heure de la carte scolaire, tenir compte de ces indices pour aider les écoles les plus fragiles...
Comme l’écrit très justement Marion Rousset, dans son article paru dans Télérama le 15 novembre*, cet IPS rendu public par la DEPP depuis octobre 2022, devrait permettre de distinguer plus précisément les écarts sociaux entre les écoles, les collèges ou les territoires, pour mieux combattre les inégalités scolaires.
* Derrière l’indice de position sociale des écoles et collèges, une réalité “pas jolie à voir”
Marion Rousset Publié le 15/11/22
Au FSU-SNUipp nous avons toujours mis en avant de nos revendications la lutte contre les déterminismes sociaux, l’égalité des chances dans les apprentissages scolaires, l’émancipation de toutes et tous. Ces indications chiffrées pourront largement appuyer nos revendications.
Cet autre article de la Gazette des communes à lire en ligne est très complet et très éclairant. En voici quelques extraits :
« Comment est construit cet indice ?
De fait, l’IPS permet de décrire les inégalités sociales à l’école mais surtout, de savoir si les élèves sont en moyenne issus d’un milieu social favorable à la réussite scolaire. Diplôme des parents, conditions matérielles, capital et pratiques culturelles… sont ainsi synthétisés et rapportés à la profession et catégorie sociale des parents (PCS).
La valeur de l’IPS de chaque élève est donc d’autant plus élevée que les PCS des parents sont considérées favorables à la réussite scolaire de l’élève. Inversement, plus il est faible, plus les élèves proviennent d’un milieu social défavorisé.
L’IPS communiqué par le ministère correspond à la moyenne des IPS de tous les élèves de l’établissement. Ce jeu de données ne permet pas, en revanche, de mesurer le degré de mixité sociale des établissements proches de la moyenne, puisque l’on ne connaît pas la dispersion de l’indice (écart type) au sein de chaque établissement. Il permet par contre de bien cerner la population des établissements situés dans les extrêmes.
Des écarts de un à trois pour les écoles comme pour les collèges
L’indice moyen pour les écoles élémentaires (public et privé confondus), en 2021-2022 est de 102,77. Mais il varie de un à trois, montrant l’étendue des inégalités sur le territoire français.
Il passe ainsi de 49,6 pour une école de Maripasoula en Guyane, à 155,6 pour une école élémentaire publique de Buc dans les Yvelines.
Si, près de 20% des écoles en France ont un IPS inférieur à 90, certains territoires concentrent les inégalités beaucoup plus que d’autres. En France Métropolitaine, c’est la Seine-Saint-Denis qui détient le record, avec 61% des écoles élémentaires en deçà d’un IPS de 90. Viennent ensuite les départements du nord de la France : la Somme, le Nord, le Pas-de-Calais, l’Aisne et les Ardennes, avec près de 40% des écoles dans ce cas.
A l’autre bout du spectre, seul 1,2% des écoles affichent un IPS supérieur à 140. Des écoles qui sont particulièrement nombreuses à Paris, et dans l’Ouest parisien. Paris en compte en effet 15,5%, les Yvelines, 14,4% et les Hauts-de-Seine 14,1%. Tous les autres départements en dénombrent moins de 4%.
CHARENTE-MARITIME
– 29 écoles ont un IPS inférieur à 90, soit 9.7 % des établissements du département.
Autres informations :
– 90 écoles ont un IPS compris entre 90 et 100, soit 30.1 % des établissements du département.
– 95 écoles ont un IPS compris entre 100 et 110, soit 31.77% des établissements du département.
– 64 écoles ont un IPS compris entre 110 et 120, soit 21.4% des établissements du département.
– 18 écoles ont un IPS compris entre 120 et 130, soit 6.02% des établissements du département »
Retrouvez les autres données sur la carte proposée dans cet article de La gazette des communes.
Ségrégation scolaire : ce que révèle l’indice de position sociale (IPS)
Publié le 24/10/2022 - Jérémy Fichaux Michèle Foin
Nos premières remarques départementales sur le classement semblent évidentes mais importantes à dire quand même :
• Les écoles dont les indices sont les plus faibles sont connues depuis longtemps et par tout le monde pour leurs conditions d’enseignement « difficiles » ; les écoles de Rochefort Libération et La Galissonnière et l’élémentaire R.Pérat de Saintes, hélas, ne bénéficient d’aucun moyen supplémentaire puisqu’en dehors des zones d’Éducation prioritaire !
• Viennent ensuite et logiquement les écoles du REP+ et du REP à La Rochelle.
Mais les écoles dites « orphelines » que nous avons défendues à la suite de la dernière réforme de l’Education prioritaire, parce qu’elles en étaient sorties, sont toujours dans le bas du classement !Le groupe Descartes et le groupe Profit sont respectivement à 84,9 et 87, 6 quand 2 écoles toujours étiquetées REP+ sont au-dessus à 96 et même 111.
Le collège Pierre Mendès France, classé REP +, figure bien tout en bas du classement départemental avec un indice à 70,5 !
Comme nous le dénoncions en CDEN en novembre dernier, le projet de cité scolaire de Mireuil, mis en place à grand renfort d’annonces médiatiques, de projets entre municipalité, associations et Éducation Nationale n’a pas pour objectif premier, hélas, de s’attaquer directement à la mixité sociale !
Ce levier est, à nos yeux, essentiel pour parvenir à créer de l’émulation, plus de justice sociale, moins de ségrégation.
En revanche le collège REP, a un indice de 103,70. Si les chiffres ne le disent pas, nous savons que ce collège accueille également les écoles de la périphérie (Périgny…) et promeut de fait une mixité sociale.
Viennent ensuite en partant du bas du classement, l’école St Exupéry de Rochefort (78,8) et L’Yeuse à Royan avec un indice de 80,4.
Royan, hélas, ne met pas non plus en place de secteurs scolaires encourageant la mixité sociale : le reste des écoles est largement au-dessus : de 108 à 118, l’école privée étant encore au dessus.
Rochefort ne déroge pas avec des écoles allant de 67,8 (St Ex) … 82 pour Hérriot à 121,8 pour S. Champlain, et 2 écoles privées en haut de classement.
A La Rochelle, après les écoles citées plus haut, les indices vont de 99,1 à 137,3 ! Les écoles privées sont une nouvelle fois dans les indices les plus hauts !
A Saintes, on constate de gros écarts entre 70,80 et 112,4 pour le public / 121,3 et 128,8 pour le privé. (+58 points !)
Quant à St Jean d’Angely, l’école privée est au-dessus de toutes les écoles publiques : 104,20 quand l’école L. Gambetta est à 101,4 et J. L’air à 84,8… presque 20 points d’écart !
Cette observation sur le positionnement des écoles privée au-dessus des écoles publiques est valable pour les écoles de La Tremblade (+8 points), Lagord, Matha, Ozillac, Pons (+8), Pont L’abbé d’Arnoult (+9,7), St Pierre d’Oléron (+11,7 / elem P. Loti), Saujon, Surgères (+7,1) et Tonnay-Charente (+11,3)
En dehors des zones urbaines où l’habitat social est regroupé, comment devons-nous analyser cet écart entre public et privé ? Que des familles avec CSP supérieur choisissent de scolariser leurs enfants dans le privé pour éviter qu’ils.elles croisent les catégories les plus faibles ? Que certains établissements privés choisissent leurs élèves ? L’histoire ne le dit pas clairement…
En revanche, l’école privée de Marans se situe juste en dessous de l’école publique ; A Cozes, c’est l’école privée est en dessous : 88,3 contre 103,8 pour l’école élémentaire publique… une énigme pour nous !
Nous avons interrogé les enseignant.es de cette école qui évoquent, pour leur école, une équipe stable et un travail collectif sur le suivi des élèves, des projets de classes innovants, des bâtiments spacieux et proches des infrastructures sportives, une commune généreuse dans le budget de fonctionnement de l’école, des niveaux de cours simples… face à une école privée exigeante et sans doute moins aidante face à la difficulté scolaire au regard des orientations CLIS par exemple.
Parlons rapidement ruralité : globalement, dans le haut du classement on retrouve La Rochelle et les communes voisines… et dans le bas, les communes rurales du sud et de l’est du département. Des données qui ne font que confirmer ce que nous savions déjà !
Le FSU-SNUipp17 aura à cœur, évidemment, de veiller à la prise en compte de ces données factuelles dans le travail sur la carte scolaire !Avec la diminution drastique des postes dans notre académie et sans aucun signe de modification de la carte de l’Éducation prioritaire avant mars, M. le Dasen se retrouvera forcément en difficulté pour remettre un peu de cohérence entre les besoins réels et les moyens alloués !Nous devrons nous battre ensemble !
A lire également :
Mixité sociale dans les collèges : « peut mieux faire » en Charente-Maritime
Par Frédéric Zabalza – f.zabalza@sudouest.fr
Publié le 23/11/2022 à 17h31
Risque de « ségrégation » scolaire
En 2019, Alexandre Léchenet, journaliste à « La Gazette des communes », a demandé à l’Éducation nationale de lui fournir l’IPS des collèges et des classes de CM2, dans le cadre d’une enquête sur les écoles primaires non classées en réseau d’éducation prioritaire. Celle-ci a refusé à deux reprises, prétextant que ce classement pourrait contribuer à la « ségrégation » scolaire, jusqu’à ce que le tribunal administratif de Paris lui enjoigne, dans un jugement rendu cet été, de transmettre les données.
Retrouver ces chiffres à ce lien
N. Maillet